Le plastique : un défi planétaire
Le plastique, bien que révolutionnaire par ses nombreuses applications et son faible coût de production, présente aujourd’hui des défis environnementaux majeurs. Il est essentiel de comprendre les racines de ce problème, ses conséquences, et les actions nécessaires pour atténuer ses effets.
Le plastique : une origine non renouvelable
Un premier problème lié au plastique est son origine : le pétrole. Le secteur de la pétrochimie, qui transforme le pétrole en plastique, représente aujourd’hui environ 30 % de la consommation mondiale de pétrole. Ce processus contribue non seulement à l’épuisement d’une ressource non renouvelable, mais aussi au réchauffement climatique en émettant de grandes quantités de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère. Ainsi, la production de plastique aggrave les enjeux environnementaux globaux, avec des impacts directs sur la biodiversité et les écosystèmes.
Un déchet problématique produit en masse
La production mondiale de plastique a doublé en moins de 20 ans et continue d’augmenter. Une fois produit, le plastique devient rapidement un déchet problématique. On estime qu’un tiers des déchets plastiques se retrouvent dans l’environnement, soit l’équivalent d’un camion-poubelle déversé dans l’océan chaque minute. Cette pollution est principalement due à notre consommation excessive et à une mauvaise gestion des déchets.
Les composants et additifs ajoutés au plastique pour lui conférer ses propriétés telles que la rigidité ou l’imperméabilité, le rendent extrêmement résistant. Lorsque le plastique atteint l’environnement, sa durabilité devient son principal défaut puisqu’il peut mettre plusieurs centaines, voire milliers d’années à se décomposer.
Les plastiques à usage unique : le coeur du problème
Les plastiques à usage unique, comme les sacs, bouteilles et emballages alimentaires, conçus pour être utilisés une seule fois, représentent à eux seuls près de la moitié de la production de plastique. Ce modèle d’utilisation massive et éphémère accélère la prolifération des déchets dans l’environnement. En raison de leur légèreté, ces plastiques sont facilement emportés par le vent ou les cours d’eau, terminant souvent leur course dans les océans. Les plastiques à usages uniques les plus fréquemment retrouvés en 2023, selon les Initiatives Oceanes, sont les mégots de cigarettes, les fragments de plastique, les fragments de polystyrène, ou encore les filets de pêche et les emballages alimentaires.
L’absurdité de cette situation est évidente : utiliser un matériau très résistant, pour des objets qui ne servent que quelques minutes. Cette réalité nous pousse à remettre en question notre mode de consommation ainsi que l’utilisation du plastique dans notre quotidien.
Une menace pour l’environnement et la santé humaine
Dans l’océan, les macroplastiques représentent un danger direct pour les écosystèmes marins. Les animaux tels que les phoques, les tortues, les baleines, les oiseaux marins et les poissons risquent de s’étouffer ou de s’intoxiquer en ingérant ces déchets. Incapables de digérer le plastique, ces animaux se retrouvent souvent sous-alimentés et affaiblis.
Les microplastiques, rejetés directement dans l’environnement sous forme de petite particule ou issus de la dégradation des déchets plastiques, présentent également des risques pour la santé. Ces petites particules, de la taille du plancton, à la base de la chaîne alimentaire marine, peuvent être ingérées et contaminer progressivement tous les niveaux de la chaîne alimentaire, jusqu’aux humains. Les additifs toxiques contenus dans ces particules peuvent nuire au système immunitaire et à la fertilité des organismes marins, et leur impact sur la santé humaine reste encore largement inconnu.
Des solutions urgentes
Il est essentiel de réévaluer le besoin et l’utilité des produits pour éliminer les plastiques superflus.
Cibler en priorité les plastiques à usage unique : Mettre en place des lois strictes interdisant ces plastiques et incluant des directives sur les alternatives à adopter, tout en anticipant les fausses bonnes solutions.
Accompagner le changement : Soutenir les consommateurs dans cette transition en fournissant des informations et des ressources pour faciliter l’adoption de pratiques plus durables.
Lire la fiche technique : Supprimer et réduire les plastiques à usage unique : par où commencer ?
Retarder la fin de vie : le réemploi permet de réduire la quantité d’un produit mis sur le marché (i.e. sa production), d’allonger sa durée d’utilisation, et de limiter la production de déchets.
Créer des boucles de réemploi locales : Développer des systèmes de réemploi à l’échelle locale et évaluer leur impact environnemental. Attention : certaines conditions sont à étudier pour que le réemploi présente un bénéfice environnemental.
Réduire la diversité des résines : simplifier les types de résines utilisées pour renforcer les filières de recyclage existantes et opérationnelles, en veillant à ce que les marchés pour ces matériaux soient établis.
Simplifier les emballages : éviter les emballages multicouches qui complexifient la séparation au niveau des usines de tri et le recyclage de la matière.
Le recyclage du plastique est un processus complexe et ne concerne qu’un nombre limité de types de plastiques. De plus, chaque cycle de recyclage dégrade le plastique, un ajout de matière première est donc nécessaire pour maintenir une qualité suffisante du matériaux.
Bien que chaque déchet ramassé soit un déchet de moins qui menace l’environnement, les opérations de nettoyage ne s’attaquent pas aux causes profondes de la pollution. Selon l’ONU, sans une réduction significative de la production de plastique, les déchets continueront de s’accumuler sur les plages. De plus, ces opérations sont coûteuses et nécessitent un effort considérable. C’est pourquoi, en tant qu’association, nous mettons l’accent sur la réduction à la source auprès des décideurs et des industriels.
Attention, les prétendus bioplastiques et plastiques oxo-dégradables font partie des fausses solutions miracles qui, loin de résoudre le problème de la pollution plastique, peuvent nous induire en erreur et même aggraver la situation. Pour en savoir plus sur les bioplastiques, consultez notre fiche technique.
Un engagement collectif nécessaire
Pour faire face à la crise du plastique, une mobilisation collective est nécessaire. Les gouvernements, les entreprises et les citoyens doivent travailler ensemble pour construire un avenir où le plastique ne sera plus une menace pour notre planète, mais une ressource gérée de manière responsable et durable.
Quel est le rôle de chacun ?
- Les décideurs : Établir des réglementations globales et sectorielles, appliquer des sanctions et définir des normes claires, harmoniser les définitions de termes tels que biodégradabilité, biosourcé, bioplastique, et recyclage.
- Les entreprises : Proposer des modèles plus durables, réviser les normes en vigueur et assumer la responsabilité des plastiques mis sur le marché.
- Les consommateurs : Modifier leurs habitudes de consommation et exprimer leur voix pour encourager le changement.
Vers un traité international du plastique
En 2025, l’Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement devrait conclure trois années de travail avec un traité mondial ambitieux pour lutter contre la pollution plastique. L’espoir est qu’à la cinquième session de négociations, les parties s’accordent sur des obligations claires pour les États, des mécanismes de mise en œuvre efficaces et des stratégies de financement solides.
2021
Début des négociations
2025
Adoption
BeMed défend le principe de réduction, pourquoi ?
Au vu des connaissances que nous avons aujourd’hui des risques sanitaires et environnementaux liés au plastique, la solution la plus efficace est de réduire drastiquement notre consommation. Pour BeMed, il est essentiel de prendre en considération les impacts générés, dès la production du plastique, qu’ils soient liés aux émissions de CO2 ou par les additifs présents dans les emballages de notre quotidien. Supprimer l’utilisation des plastiques à usage unique, favoriser le réemploi d’objets sont les pistes à privilégier. Pour chaque solution envisagée, notamment lors de la substitution de matériau, il est essentiel de veiller à ne pas réaliser de transfert d’impacts, c’est-à-dire que la solution ne soit pas pire que le plastique initial. In fine, le seul déchet qui ne pollue pas, est celui que l’on ne produit pas !